mardi 9 septembre 2008

(Un)Lucky Luke

"Oyez, Oyez!"
 La pancarte accrochée sur le premier pendu de notre université commençait comme ça.
Comme il y avait quelques mouches et de la chiure de sang sur le reste (c'était un cadavre, veut veut pas), je n'ai pas pu lire les raisons exactes pour lesquelles le traître avait été exécuté. Peut-être qu'il était fédéraliste, ou encore ami des Indiens. Ou alors, revendiquait le droit au libre-échange...Dans une université aussi impitoyable que la mienne, on oublie. Le Far-west de la connaissance ne fait pas de pitié. Encore moins de tolérance.

Un première année, sans aucun doute. Comme les initiations commençaient, les pendus étaient monnaie courante; les plus faibles étaient pris à part et ultérieurement pendus, comme des pinatas (avec vague sur le n) du Dollar-west.

C'est dommage que la sélection naturelle soit tombée sur lui. Lors des festivités du début de nos classes de cow-boy, je me souviens avoir bu quelques whiskys en sa compagnie. Lui, au contraire, s'enfilait des verres de limonade. J'ai pensé qu'il devait se faire passer pour Lucky Luke. Chacun ses illusions dans l'Ouest. C'est le rêve Américain, vous savez bien.  Jack G. et moi on se demandait bien comment il finirait son doctorat en Colts. Ben, on a eu la réponse ce matin: pendu, avec du rouge à lèvres et des plumes. Une guedoune qui crie à l'aube.

Bref. 

Après la soirée au saloon et les solos de pianos endiablés, Jack et moi avons pris la route 66 vers le sud, route reconnue pour ses dangers. Avec du whisky et nos deux biceps et quart, on était prêts à en découdre avec n'importe qui....

Mais c'est à suivre dans le prochain épisode, comme dans Lucky Luke. Les cow-girls ont le sens du suspence.

mercredi 3 septembre 2008

Go Sarah, Go

Aujourd'hui, c'était la convention républicaine dans mon pays préféré.
J'ai sorti mes pancartes pro McCain.
Recousu la ligature de mes trompes de fallope.
Faut être femme jusqu'à l'utérus pour être républicaine.

J'ai même osé remettre mon foetus avorté dans mon ventre.
Just to pretend, y'all know.

Avec ma famille texane, on a regardé le discours. 
On criait tellement qu'on a juste entendu des bribes de mots:
Terrorism
Fear
Winner
Loser
Obama
Zero
Taxes
Increase
Economy
Great
Glory
America

Quand on y pense, ils ont du faire le discours comme ça. En faisant le jeu "Dis moi à quoi te fait penser ce mot". Moi, c'est comme ça que je compose mes chansons western.

Go Sarah Palin! 

Je propose que le gouvernement distribue des ceintures de chasteté et fasse des chaînes d'engrossement. Plus il a de gens en America, plus l'économie va grossir. Mais sont déjà gros, les gens du Texas. 

Aw, c'est difficile à comprendre pour une enfant, la politique. 

Mon Prince

Bon.
Les moments de félicité tombent du ciel comme les feuilles d'automne ces temps-ci.
Je me lève avec "Pussy control" de Prince.
Je sais pas pourquoi mais cette chanson éveille en moi...
Une autre sorte de cow-girl.
L'envie d'une douche froide me pousse en bas du lit.
Ouch calisse.
Envie. D'une douche. Froide. Maintenant.

"No prostitute she, but the mayor of your brain. OH! Pussy control!"

Prince est mon cow-boy. Quand il chante, son micro sent le sexe. Quand il est dans mon stéréo, mon itunes est diffuseur de phéromones. Chevauchant toutes mes envies, je regarde le téléphone mais je ne fais rien. Je ne téléphonerai pas à mon cow-boy sexuel. Que non.
Je dois aller loin de chez moi, c'est infesté de Prince. Pire que des coquerelles, je vous dit. Ses intonations résonnent sur mes murs, ses riffs s'incrustent dans mes armoires. J'ai ouvert mon garde manger et j'y ai halluciné sa guitare. Ça se mange mal au déjeuner, une Fender. Alors je me suis contentée de fond de pot de beurre de pean' et de sa musique.

Mes bottes réclamaient une promenade, requête à laquelle j'ai cédée. J'avais simplement ce besoin de m'extirper de l'univers sexuel de mon cow-boy. J'ai marché sur le désir en sortant. Il a miaulé.

Fuck.
Dehors, j'étais à Erotic city.

lundi 1 septembre 2008

Le Texas

Le club des quatre m'a convoquée, jeudi soir passé.
"Il faut qu'on se parle et que l'on réaffirme nos alliance, cow-girl"

Rah merde.
Ce qu'on ne ferait pas pour un héritage et la permission d'être hébergée.
J'accepte la proposition et embarque dans la calèche du bourgeois, accompagnée de ma soeur, Victorine et de ma mère. On va dans une demeure bien cachée, dans la forêt. Faut rouler longtemps pour trouver une forêt au Texas, surtout une qui jonche des montagnes. J'ai le soleil qui plombe mon chapeau. Comme les balles d'un Yankee dans un Indien.

Mon père ouvre la radio. C'est Johnny Cash qui s'énerve sur les ondes.  Moi j'endure en tapant avec mes bottes cloutées. Victorine n'aime pas le fait que j'aie le rythme dans la peau. J'm'en fous. Je me divertis en écoutant ses grognements et me délecte des lignes de la route qui défilent. C'est un beau papier peint, la vie sur la route. 

Une seule chose vient salir le tableau:

Les loques et carcasses des animaux sauvages. Une marmotte. Puis une autre. Un chevreuil. Une tortue, pour faire exotique. Le hasard se plaît à nous surprendre. Ah, un Petit Jérémy. Décidément, plein de carcasses. Bilan de l'aller: 7 marmottes et demi, 1 chevreuil et 14 non-identifiables.

La roulette russe ne se joue pas au casino, elle se joue sur la route.
On arrive dans le village, je guette une potentielle attaque d'Indien...Mon père me rassure:

Il n'irait pas dans un endroit qui me mettrait en danger pour aller négocier. J'aime ce petit truc bourge qu'à mon père quand vient le temps de parler business.

On entre dans le saloon le plus cher de l'endroit. Décoré finement, mais qui cuisine pour de vrai. Pas du genre " tu paies mais tu ne manges rien et tu ne goûtes rien". Le patron reconnaît mon père, petit signe de tête. Captain Williams,qu'il se nomme. Un gentleman qui manie bien l'atmosphère de son saloon puisqu'il y joue également du piano.

Échange d'usage:
"La note va bien?"
-Toujours.
"Tu nous joues un morceau ou tu nous en sert un?"
-Les deux.
"Et sinon, les affaires"
J'ai un contrat, vous ne me verrez plus dans le coin, mais seulement dans votre radio et votre télé.
"On pourra vivre avec ça, on t'aime bien. Comme 1 000 000 d'autres. Ça fait plaisir de te revoir Will"
Et Will répondit par le biais de ses doigts. Non il a pas joué de piano, il a fait un fuck you à mon père. Et mon père est revenu à notre table en riant. On a bu du whisky en famille, comme dans le bon vieux temps. Et on a négocié le contrat. 

Je me fais vieux, tu vois, qu'il me dit. Je voulais passer ces jours avec toi pour que je m'en souvienne, que tu ne sois pas que cette âme errante dans le désert de la vie. Je m'en suis voulue d'avoir pensé qu'une famille, c'est un contrat. C'est dans le sang. C'est comme la lutte cow-boy contre les indiens. Captain William est passé et nous a servi un festin. 

"Siffleu sur lit de pneu"

J'ai regardé le coucher de soleil dans les montagnes. On se sent meilleur que le soleil quand il se couche plus bas que nous. Mais surtout quand on le regarde se prosterner devant le clan qu'on formait. Plus jamais les plaines du Texas seule.