dimanche 10 mai 2009

Le désert

Je suis enfin de retour.
La raison de mon départ fut tout simple:

J'ai mis la main sur un pur-sang. Un vrai de vrai, qui ne boit pas d'eau. Il hennit pour 5 onces de whisky et se cambre pour un peu de chique. Je l'ai appelé "Tête de merde" parce qu'il a un caractère de cochon.

Et ce, malgré ses nombreuses qualités équestres.
 
Même Don Quichotte ne l'aurait pas ridé. Le truc, c'est que j'ai un orgueil gros comme les fesses d'Oprah. J'allais le dompter, le salaud de Tête de merde. J'ai fait comme les hommes du Tennessee. Un jour, un tenancier de bordel m'avait recommandé "Make it/her/him drink and jump on it"

Faire boire le canasson ne serait pas une mince affaire. Tête de merde comme il est, il ne bougerait pas de l'endroit où je l'avais trouvé. À côté de lui, son propriétaire gisait par terre. Mort comme dans le genre "pu-de-vie". Mort comme: son oeil dans le bec d'un élégant vautour.

Mort comme Jean-Paul II. Mais pas en pape-mobile. Il est mort en ridant Tête de merde-mobile.

J'ai été au saloon du village où je m'étais arrêtée. La veille, le patron avait perdu aux cartes contre moi. En plus de ses vêtements, j'avais été l'heureuse gagnante d'une douzaine de bouteilles de whisky. 

"Make it/her/him drink and jump on it"

C'est ce que je fis. Le pur marde a bu. Et il s'est assoupi, comme un vendangeur au soleil.
J'en ai profité pour sceller et ferrer la bête. Et je l'ai dompté. Il était maintenant à moi.

Je me suis souvenue la raison pour laquelle je l'ai surnommé Tête de merde.
Une fois monté dessus, tu ne peux plus rien faire d'autre.
Il file à toute allure et jamais ne s'arrête.
Jamais.
Pas d'eau, pas d'ombre, pas de pauses pipi.
Fuck.

Ça n'était pas un train, c'était une machine du diable.
Voilà la raison pour laquelle je n'ai pu entretenir de correspondance avec vous.

Tête de merde me traînait partout. Dans les rivières, dans les denses forêts, les plaines arides et les Cités d'Or. Le soleil me semblait moins sympathique, les villages tous pareils et j'en avais même oublié le goût du whisky.

L'homme mort était mort ainsi. À vouloir satisfaire mon orgueil, j'avais signé mon arrêt de mort. Je n'était devenue qu'une parabole. Mais j'étais loin de répandre la bonne parole. Mes insultes, mes sacres traversaient toute l'Amérique et peut-être même l'Europe. 

Dans les rivières, dans les denses forêts, les plaines arides et les Cités d'Or

J'ai fait une propagande du Fuck et des objets sacrés de l'Église. J'ai fini par tuer mon cheval fou. Alors qu'il me traînait dans une mare de boue depuis des jours.

Un couteau lancée par une sqaw, qui avait sûrement déjà vu le modus operandi du pur-sang. Son cou. Son sang. Les vautours.

Son sang n'était pas si pur que ça. Il fermentait, avec tout cet alcool.




lundi 3 novembre 2008

If Montreal could burn

Dehors il y avait une lumière orangée, comme si le ciel rendait hommage aux feuilles tombées.
Un suicide collectif et automnal animait le quartier.

Plus tôt dans la journée les enfants s'étaient lancés dans un tas de cadavres. 
Le sourire fendu jusque là, le rire forcé pour qu'ils croient qu'ils s'amusent bien.
On ne sait pas trop comment rire à cet âge là, on découvre ses cordes vocales comme on découvre son corps. Et souvent on est mal à l'aise avec. Ça chatouille ici, ça fait mal là.

Et ils se lancent dans les morts, tombés du ciel comme des anges tirés avec une 22. 
Je me plais à me dire que chaque feuille qui tombe est un corps enterré, quelque part.
Ailleurs, on trouve que la mort est un sujet sérieux. Ici, on joue avec.

Si l'hiver est la saison morte, alors l'automne est la saison de l'agonie.

vendredi 31 octobre 2008

Les portes du saloon

De retour sur les ondes western. Je me suis accordée sur les beats d'un harmonica.
Je suis toujours une fille du Far-West, mais avec des mitaines.
Peut-être que cela m'adoucit, je n'en sais rien.

J'écoute mes country boys, j'observe les vautours de loin.
C'est fou comme ils peuvent être sournois et à la fois si...évident.
Il suffit de savoir regarder vers le haut, vers l'avenir. Mais quand on oublie de le faire, les Apaches savent nous prendre au dépourvu. J'en ai buté 2-3 pour l'hiver. Qui sait, ça se mange peut-être, des vautours. Un petit goût faisandé, you know.

J'ai quitté les rangs intellectuels, le goût de performance. Le saloon de l'université ne m'apportait guère de plaisir, ni d'honneurs. Le rodéo mental, c'est pas trop mon truc. J'erre dans le savoir comme Lucky Lucke erre dans le coucher de soleil. Je machouille un brin d'herbe au lieu d'un corpus de textes incompréhensibles. Ça me va bien.

On galope à son rythme. That's it. 

Récemment, ma vie dans la forteresse du savoir me faisait réaliser comment les portes closes pouvaient être ennuyantes. Messieurs, il n'est pas question d'un bordel, plein de jarretelles et de cuisses généreuses. Quoique le taux d'hormones qui y flottent est sûrement comparable. Fille du far-west ne se destine certainement pas à un tel avenir. Fade et théorique. Mon mandat: foutre le bordel dans l'écosystème yankee.

Jusqu'à présent Jack G. and Matthew the magicians sont mes plus fidèles adjudants. Dans la théorie du réalisme, post néo penseur, nous sommes les champions. Ils n'auront jamais rien vu venir, c'est saletés de sauvages. N'est-ce pas barbare d'éduquer ainsi la jeunesse et de leur retirer le peu de plaisir qu'ils puissent en tirer?

mardi 9 septembre 2008

(Un)Lucky Luke

"Oyez, Oyez!"
 La pancarte accrochée sur le premier pendu de notre université commençait comme ça.
Comme il y avait quelques mouches et de la chiure de sang sur le reste (c'était un cadavre, veut veut pas), je n'ai pas pu lire les raisons exactes pour lesquelles le traître avait été exécuté. Peut-être qu'il était fédéraliste, ou encore ami des Indiens. Ou alors, revendiquait le droit au libre-échange...Dans une université aussi impitoyable que la mienne, on oublie. Le Far-west de la connaissance ne fait pas de pitié. Encore moins de tolérance.

Un première année, sans aucun doute. Comme les initiations commençaient, les pendus étaient monnaie courante; les plus faibles étaient pris à part et ultérieurement pendus, comme des pinatas (avec vague sur le n) du Dollar-west.

C'est dommage que la sélection naturelle soit tombée sur lui. Lors des festivités du début de nos classes de cow-boy, je me souviens avoir bu quelques whiskys en sa compagnie. Lui, au contraire, s'enfilait des verres de limonade. J'ai pensé qu'il devait se faire passer pour Lucky Luke. Chacun ses illusions dans l'Ouest. C'est le rêve Américain, vous savez bien.  Jack G. et moi on se demandait bien comment il finirait son doctorat en Colts. Ben, on a eu la réponse ce matin: pendu, avec du rouge à lèvres et des plumes. Une guedoune qui crie à l'aube.

Bref. 

Après la soirée au saloon et les solos de pianos endiablés, Jack et moi avons pris la route 66 vers le sud, route reconnue pour ses dangers. Avec du whisky et nos deux biceps et quart, on était prêts à en découdre avec n'importe qui....

Mais c'est à suivre dans le prochain épisode, comme dans Lucky Luke. Les cow-girls ont le sens du suspence.

mercredi 3 septembre 2008

Go Sarah, Go

Aujourd'hui, c'était la convention républicaine dans mon pays préféré.
J'ai sorti mes pancartes pro McCain.
Recousu la ligature de mes trompes de fallope.
Faut être femme jusqu'à l'utérus pour être républicaine.

J'ai même osé remettre mon foetus avorté dans mon ventre.
Just to pretend, y'all know.

Avec ma famille texane, on a regardé le discours. 
On criait tellement qu'on a juste entendu des bribes de mots:
Terrorism
Fear
Winner
Loser
Obama
Zero
Taxes
Increase
Economy
Great
Glory
America

Quand on y pense, ils ont du faire le discours comme ça. En faisant le jeu "Dis moi à quoi te fait penser ce mot". Moi, c'est comme ça que je compose mes chansons western.

Go Sarah Palin! 

Je propose que le gouvernement distribue des ceintures de chasteté et fasse des chaînes d'engrossement. Plus il a de gens en America, plus l'économie va grossir. Mais sont déjà gros, les gens du Texas. 

Aw, c'est difficile à comprendre pour une enfant, la politique. 

Mon Prince

Bon.
Les moments de félicité tombent du ciel comme les feuilles d'automne ces temps-ci.
Je me lève avec "Pussy control" de Prince.
Je sais pas pourquoi mais cette chanson éveille en moi...
Une autre sorte de cow-girl.
L'envie d'une douche froide me pousse en bas du lit.
Ouch calisse.
Envie. D'une douche. Froide. Maintenant.

"No prostitute she, but the mayor of your brain. OH! Pussy control!"

Prince est mon cow-boy. Quand il chante, son micro sent le sexe. Quand il est dans mon stéréo, mon itunes est diffuseur de phéromones. Chevauchant toutes mes envies, je regarde le téléphone mais je ne fais rien. Je ne téléphonerai pas à mon cow-boy sexuel. Que non.
Je dois aller loin de chez moi, c'est infesté de Prince. Pire que des coquerelles, je vous dit. Ses intonations résonnent sur mes murs, ses riffs s'incrustent dans mes armoires. J'ai ouvert mon garde manger et j'y ai halluciné sa guitare. Ça se mange mal au déjeuner, une Fender. Alors je me suis contentée de fond de pot de beurre de pean' et de sa musique.

Mes bottes réclamaient une promenade, requête à laquelle j'ai cédée. J'avais simplement ce besoin de m'extirper de l'univers sexuel de mon cow-boy. J'ai marché sur le désir en sortant. Il a miaulé.

Fuck.
Dehors, j'étais à Erotic city.

lundi 1 septembre 2008

Le Texas

Le club des quatre m'a convoquée, jeudi soir passé.
"Il faut qu'on se parle et que l'on réaffirme nos alliance, cow-girl"

Rah merde.
Ce qu'on ne ferait pas pour un héritage et la permission d'être hébergée.
J'accepte la proposition et embarque dans la calèche du bourgeois, accompagnée de ma soeur, Victorine et de ma mère. On va dans une demeure bien cachée, dans la forêt. Faut rouler longtemps pour trouver une forêt au Texas, surtout une qui jonche des montagnes. J'ai le soleil qui plombe mon chapeau. Comme les balles d'un Yankee dans un Indien.

Mon père ouvre la radio. C'est Johnny Cash qui s'énerve sur les ondes.  Moi j'endure en tapant avec mes bottes cloutées. Victorine n'aime pas le fait que j'aie le rythme dans la peau. J'm'en fous. Je me divertis en écoutant ses grognements et me délecte des lignes de la route qui défilent. C'est un beau papier peint, la vie sur la route. 

Une seule chose vient salir le tableau:

Les loques et carcasses des animaux sauvages. Une marmotte. Puis une autre. Un chevreuil. Une tortue, pour faire exotique. Le hasard se plaît à nous surprendre. Ah, un Petit Jérémy. Décidément, plein de carcasses. Bilan de l'aller: 7 marmottes et demi, 1 chevreuil et 14 non-identifiables.

La roulette russe ne se joue pas au casino, elle se joue sur la route.
On arrive dans le village, je guette une potentielle attaque d'Indien...Mon père me rassure:

Il n'irait pas dans un endroit qui me mettrait en danger pour aller négocier. J'aime ce petit truc bourge qu'à mon père quand vient le temps de parler business.

On entre dans le saloon le plus cher de l'endroit. Décoré finement, mais qui cuisine pour de vrai. Pas du genre " tu paies mais tu ne manges rien et tu ne goûtes rien". Le patron reconnaît mon père, petit signe de tête. Captain Williams,qu'il se nomme. Un gentleman qui manie bien l'atmosphère de son saloon puisqu'il y joue également du piano.

Échange d'usage:
"La note va bien?"
-Toujours.
"Tu nous joues un morceau ou tu nous en sert un?"
-Les deux.
"Et sinon, les affaires"
J'ai un contrat, vous ne me verrez plus dans le coin, mais seulement dans votre radio et votre télé.
"On pourra vivre avec ça, on t'aime bien. Comme 1 000 000 d'autres. Ça fait plaisir de te revoir Will"
Et Will répondit par le biais de ses doigts. Non il a pas joué de piano, il a fait un fuck you à mon père. Et mon père est revenu à notre table en riant. On a bu du whisky en famille, comme dans le bon vieux temps. Et on a négocié le contrat. 

Je me fais vieux, tu vois, qu'il me dit. Je voulais passer ces jours avec toi pour que je m'en souvienne, que tu ne sois pas que cette âme errante dans le désert de la vie. Je m'en suis voulue d'avoir pensé qu'une famille, c'est un contrat. C'est dans le sang. C'est comme la lutte cow-boy contre les indiens. Captain William est passé et nous a servi un festin. 

"Siffleu sur lit de pneu"

J'ai regardé le coucher de soleil dans les montagnes. On se sent meilleur que le soleil quand il se couche plus bas que nous. Mais surtout quand on le regarde se prosterner devant le clan qu'on formait. Plus jamais les plaines du Texas seule.